Changement de propriétaire.

[Premier post:]

Tip…Tap
Tip…Tap
Tip…Tap Tiptap.

Urian s’arrêta pour observer la grille d’entrée en fer qui gardait la demeure de Vadim de Morcef. A première vue elle était fermée, mais lorsqu’il la poussa légèrement de la main elle n’opposa pas la moindre résistance et s’ouvrit en grand pour le laisser entrer. Ne s’en formalisant pas, il reprit sa marche tranquille mais décidée vers le château.
A peine avait-il passé la porte que celle-ci commença à se refermer, lentement, comme si elle savait que, de toute manière, il n’essaierait pas de fuir.
Le jeune garçon stoppa de nouveau sa marche et tourna la tête sur le côté afin de voir d’un œil la grille claquer derrière lui.

Juste pour être sûr, il retourna sur ses pas et tira sur un des barreaux de la grille. Celle-ci ne cilla pas, comme enfoncée dans le sol. Il hocha la tête et laissa apparaître un sourire en coin :

« Effectivement, c’était trop facile… » Souffla-t-il à lui-même.

Puis, il se remit à marcher. Le jardin, seulement entrecoupé par l’allée, s’étendait à sa gauche comme à sa droite. Les couleurs étaient variées, passant du rouge au violet, le tout sur tapis vert. Pourtant, malgré toutes ces teintes, l’endroit avait quelque chose de mort, c’était une impression qui ne dépaysait pas vraiment Urian, c’était le sentiment qu’il avait chaque fois qu’il regardait un vampire, enfin un dont le cœur s’était arrêté de battre.

Pourtant, le maître de maison était un vampire pur, du moins à ce qu’on lui avait dit. Alors pourquoi avait-il la même sensation ? Peut-être était-ce cet isolement qui faisait planer ici comme une éternité pesante et étouffante. Urian n’aimait pas vraiment cette ambiance malsaine mais cela le pousserait d’autant plus à chercher une éventuelle sortie.
De toute manière, à cet instant, il devait commencer par gagner les faveurs du comte, ou dans le pire des cas se faire discret afin d’être accepté et libre de ses mouvements.
Il devait sans doute y avoir des gardes qui surveillaient les alentours et ils ne devaient pas tous être humains. Force était de l’admettre, malgré un certain entraînement qu’on lui avait fourni avant son départ, il ne faisait pas le poids face à un démon ou un vampire.

Mais cela ne servait à rien de penser à tout cela, il aviserait en temps voulu. A force de réfléchir, il était parvenu devant le hall d’entrée. Un regard à gauche, un regard à droite, toujours pas de garde, ce de Morcef était décidément bien confiant. Il haussa les épaules et fit un pas sur le sol à l’intérieur. La salle était belle, des lustres de cristal descendaient du plafond et planaient au milieu d’un océan de murs rouge et or, couverts de tableaux, le tout posé sur un sol dallé de noir et de blanc. Oui, vraiment, elle était splendide. Mais pas autant que celle de Radu Molasar. Ce vampire passait la plupart de son temps à détruire et à reconstruire les pièces de son château, c’était à proprement parlé un maniaque.
N’étant pas ici pour se renseigner sur l’architecture locale, il mit fin une fois de plus au cours de ses pensées et avança jusqu’au milieu de la pièce, se demandant s’il devait monter les escaliers ou prendre une des portes du rez-de-chaussée.

Et puis comment allait-il lui annoncer ça ? Bonjour, je viens de la part d’un de vos ennemis, il souhaiterait faire la paix et m’offre à vous en offrande… Non, réellement, c’en était presque comique. Ou bien il se contenterait de lui donner la lettre écrite de la main de Molasar, mais là peut-être que selon ce qu’il était écrit, sa tête volerait avant de retomber sur le sol dans une jolie gerbe rouge vermeille. Encore fallait-il qu’il atteigne l’endroit sans encombre… Mais peut-être qu’après tout s’il restait dans le château sans annoncer son arrivée, cela ne se remarquerait pas…
Parvenu au milieu de la pièce, il inspira profondément et mit un pied devant lui afin de grimper les escaliers, ne sachant trop par où commencer ses recherches.
Mais à cet instant, il entendit des pas derrière lui et s’immobilisa.

*Et voilà, ça commence...* Pensa-t-il.

[Libre mais je ne répondrai pas avant samedi prochain]

[Premier post]

Xion était à la recherche de son amant, et se dirigeait donc vers l’étage pour aller voir à la bibliothèque. Eliseo s’y trouvait souvent, à croire qu’il avait demandé au Comte de n’avoir que cette pièce à garder. Toujours était-il que Xion était à sa recherche et pour cela, devait passer par le hall et les escaliers.
Il fut surpris de voir un jeune homme qu’il ne connaissait pas s’apprêtant à monter ces dits-escaliers.

Il hésita un instant à l’ignorer pour continuer son chemin – il n’était pas un garde après tout, mais le fait que celui-ci ait stoppé brusquement en l’entendant indiqua au comédien que ce nouveau venu n’avait peut-être pas les meilleures intentions. Mais peut-être Xion se faisait-il tout simplement des idées…

Il décida finalement de s’éclaircir la gorge pour attirer son attention.

« Vous êtes nouveau dans le château, n’est-ce pas, jeune homme ? » Demanda-t-il d’un air assez hautain, ayant machinalement endossé le rôle du seigneur face à un intrus dans sa demeure. « Que faites-vous ici, si ce n’est trop vous demander ? »

Urian ne bougeait plus d’un cil, comme si rester immobile pourrait le protéger contre un quelconque prédateur. Mais finalement, aucune bête sauvage ne lui sautant dessus, il décida de se retourner et de faire face à l’homme qui lui avait adressé la parole. Enfin, l’homme…
Maintenant qu’il le regardait, il hésitait de plus en plus : était-ce un homme ou une femme ? Il n’avait jamais vu de garçon avec des cheveux aussi longs pourtant il avait côtoyé toutes sortes d’individus étranges. Cherchant un point de repère pour cerner l’individu, il leva les yeux pour trouver les siens mais il ne les trouva pas.
Ils étaient bien là mais ils semblaient regarder au travers de lui, comme s’ils ne le voyaient pas. Pourtant, ils étaient dans le même temps très vivants ce qui formait un contraste singulier avec leur expression. La voix de l’individu quant à elle appartenait sans doute à une personne importante dans le château, peut-être même au seigneur de l’endroit…
L’espace d’un instant, il regarda plus attentivement Xion. Non, il ne correspondait pas vraiment à la description qu’on lui avait faite du dénommé de Morcef, c’était peut-être un proche du Comte. Ou alors était-ce un piège ? Non, il n’y aurait aucun intérêt à lui tendre un piège ici et maintenant, il ne savait même pas qui il était.

« Eh bien… »

Trois solutions s’offraient à Urian. Ou bien il donnait sa réponse sur le même ton, se faisant passer pour un invité, ce qui lui donnerait peut-être le droit à une chambre luxueuse. Néanmoins, s’il avait réellement le maître de la maison devant lui, il serait dans de beaux draps. Et puis, cela finirait par s’apprendre…
La seconde solution était de lui dire qu’il cherchait Vadim de Morcef et qu’il était envoyé par Molasar, ce qui était la stricte vérité… Mais il n’aimait pas vraiment le fait de devoir converser avec un vampire qui sans doute devait être au moins aussi tordu que Molasar.
Finalement, il opta pour la troisième solution :

« A vrai dire, je ne sais pas vraiment où aller, voyez-vous j’ai un problème, je me suis stupidement aventuré ici pour voir de plus près cette bâtisse qui semblait abandonnée et puis après impossible de rouvrir cette grille. J’ai du la coincer je ne sais comment, je suis confus. Et donc me voilà, afin de voir si elle est réellement abandonnée et dans le cas contraire de chercher une personne capable de résoudre mon problème. »

Evidemment, il connaissait la « malédiction », mais il fallait bien jouer son rôle de petit ignorant jusqu’au bout. Il avait opté pour un air gêné et innocent, se grattant maintenant le derrière de la tête avec un sourire, tandis que de l'autre main, il enfonçait la lettre de Molasar plus profondément dans sa poche. Un peu hésitant, il ajouta :

« Seriez-vous par hasard celui qui habite ce domaine ? »

Question à peine détournée pour demander s’il était Vadim de Morcef. Urian était presque convaincu que ce n’était pas lui car la description physique ne correspondait pas mais le problème était qu’il dégageait une certaine puissance de cette personne devant lui, et puis il ne pouvait même pas s’assurer s’il s’agissait d’un vampire pur ou mordu, l’ambiance de la maison brouillait ses impressions. Quoi qu’il en soit, il verrait bien comment faire au fur et à mesure de la conversation. Il faudrait aussi qu'il se propose comme domestique, après tout il était venu avec cela comme excuse.
Il ne savait pas qu’il avait devant lui un acteur et qu’à peine arrivé sur scène, il commençait sans plus attendre l’acte un.

Un égaré ? Encore un de plus dans cette grande demeure, à croire qu’elle les attirait… Xion hésita un instant à rester dans son rôle mais il ne tenait pas à se prendre pour le Comte. Celui-ci pouvait difficilement être imité et savait donner des punitions exemplaires à quiconque se moquait de lui.

« Oui, j’habite cette demeure. » Répondit-il sans vraiment mentir, mais toujours d'un ton des plus hautains. « Mais en simple invité. Elle appartient au Comte Vadim de Morcef, mais je ne sais où il se trouve en ce moment. »

Il toisa alors du regard le garçon perdu et renifla presque de dégoût. Les paroles de celui-ci ne lui avait pas plu et, même s’il pouvait comprendre le calvaire du jeune homme coincé, il n’était pas enclin le moins du monde à l’aider.

« Mais comment avez-vous pu croire cette demeure abandonnée ? Les jardins sont bien entretenus et l’habitation en elle-même est bien tenue en état. Et quelle idée de vouloir pénétrer un terrain abandonné ? Vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même d’être resté coincé. »

En effet, Xion appréciait finalement beaucoup cet endroit. Celui où il avait une place attribuée, où il travaillait avec des gens qu’il appréciait, où le public savait regarder une pièce comme il le fallait, savait la savourer. Mais surtout l’endroit où il avait rencontré celui qu’il aimait…
Peut-être était-il plus romantique qu’il ne voulait l’avouer finalement… Mais en tout cas, que cet humain ose prétendre que le château semblait abandonné, Xion prenait cela presque comme si le garçon venait de le traiter de la pire des insultes possibles.

Pff. Se faire avoir si facilement. Quel mensonge ridicule, cela se voyait que cette demeure n’était pas abandonnée. Mais il avait été pressé par l’arrivée de cet individu qui n’était d’ailleurs pas des plus commodes. Déjà, dès le départ, il s’était aperçu que l’invité ne le portait pas dans son cœur mais depuis qu’il avait « critiqué » le château cela ressemblait de plus en plus à de l’animosité. Néanmoins, l’individu ne semblait pas s’emballer et restait très calme avec comme seul indicateur de son mépris un ton quelque peu hautain.
Urian avait bien envie de lui répondre sur le même ton mais quelque chose dans son esprit lui signifia que ce n’était sans doute pas une bonne idée. Aussi il reprit son rôle et sourit innocemment avec l’air de celui qui a fait une grosse bêtise.

« Je suis vraiment infiniment désolé mais je suis quelque peu étourdi et je n’ai pas fait attention. Mais il est vrai que cet endroit est bien trop entretenu pour être abandonné et l’intérieur est bien trop riche. »

Urian ne comprenait pas qu’il soit possible pour un invité d’être attaché à cette demeure surtout s’il y était resté coincé depuis des années. Il ne lui vint donc pas à l’esprit que sa remarque aie pu le blesser et il mit le ton de sa voix sur le compte de la fatigue ou du simple fait que l’individu se sente supérieur à lui.
Par ailleurs, son interlocuteur ne savait pas où se trouvait le comte, il n’avait donc rien à faire avec lui, mais écourter la conversation aussi brusquement serait peut-être impoli, surtout que son but en tant qu’égaré était avant tout de sortir. Il ne put s’empêcher de faire une petite remarque à l’encontre de l’homme :

« Et puis je vois que l’accueil est très chaleureux, je m’excuse donc de ma grossièreté mais après tout plus vite vous m’indiquerez quelqu’un susceptible de m’aider à sortir d’ici et plus vite je disparaîtrai de votre vue. »

Il accompagna tout de même sa réflexion ironique d’un sourire innocent afin de ne pas froisser outre mesure la personne. Ces nobles étaient très désagréables, car pour être invité ici, il devait sans aucun doute être noble. Il hésita à passer son chemin, après tout ce n’était qu’un prétexte et il ne cherchait pas réellement le comte, plus maintenant. Mais mieux valait attendre la réponse, l’impolitesse avait ses limites.

Cet individu se moquait-il de lui ? Il le lui semblait bien.
Et cela, Xion n’allait pas le laisser passer ainsi. Qu’on le prenne pour un imbécile était bien la dernière des choses qu’il pouvait accepter.

« Vous feriez mieux de revoir votre ton et vos paroles, jeune homme, surtout si vous désirez voir le maître de ce domaine. Il est beaucoup plus prompt à l’acte que moi. »

Le comédien laissa libre court à l’imagination du garçon pour deviner quel genre d’acte cela pouvait bien être.

« Je vais vous indiquer le chemin vers le Comte, non pas pour vous aider, vous ne le méritez pas, mais pour me débarrasser de vous, comme vous l’avez si bien sous-entendu. »

Il le toisa de toute sa hauteur, les bras maintenant croisé, et ne lui sourit pas en répondant à sa requête.

« Le Comte ne vit pas dans le château en lui-même, il lui préfère la Tour à l’extérieur. C’est sa Tour personnelle, c’est pourquoi vous y croiserez autant de gardes, il préfère savoir sa sécurité proche de lui. Pour y accéder, il faut que vous sortiez de cette demeure et que vous la contourniez, vous ne pouvez pas la rater, à moins que vous ne soyez aveugle. »

Il ne le lâcha alors pas du regard, bien décidé à rester dans ce hall jusqu’à ce qu’il ait vu le garçon sortir de la demeure à la recherche de la Tour.
Il y avait du bon à être comédien, il savait mentir sans la moindre hésitation. Et parfois même, il arrivait à rendre un mensonge plus vrai que la vérité même…